Comme le disait si bien l’architecte et designer industriel allemand Dieter Rams :
Less, but better
Dieter Rams
Cette citation, bien que simple en apparence, véhicule un message profond, souvent négligé mais crucial en informatique : « moins, c’est plus ».
Cette philosophie brasse une multitude de champs d’action et d’interaction, des applications aux sites internet, en passant par notre vie quotidienne.
Plus, c’est trop…
À mon sens, l’une des manifestations les plus évidentes, en tout cas celle que je rencontre le plus souvent, de cette philosophie se trouve au cœur des systèmes de gestion de contenu (CMS), tel que WordPress.
Lorsqu’on aborde le sujet des sites WordPress, le nombre de plugins disponibles peut parfois être vertigineux. La sécurité, l’anti-spam, la réduction du poids des images – autant de fonctionnalités et d’options que l’hébergeur, lorsqu’il gère mal son rôle, peut pousser sans cesse à installer.
Le CMS se retrouve alors alourdi, à l’instar d’un voyageur portant un sac à dos chargé de poids superflus.
La structure importe
Chaque élément que l’on intègre à un système – que ce soit un CMS comme WordPress ou la routine quotidienne d’un cadre de travail – doit être là pour une raison. Sinon, c’est du surplus, et le surplus mène au désordre.
La clarté va au-delà de l’esthétique, elle touche au cœur de la fonctionnalité.
Voici une petite liste de plugins installés sur tous les sites, mais parfois au détriment des performances :
- Plugin de sécurité : Primordial, mais souvent un bon hébergeur propose déjà des solutions robustes. Pourquoi multiplier les couches de sécurité à gérer soi-même?
- Outil SEO : Indispensable pour le référencement, mais attention à l’excès. J’ai déjà vu des sites avec 2 plugins Seo installés….
- Optimisation d’images : Indispensable pour de meilleures performances de site, mais n’est-ce pas déjà une fonctionnalité que les hébergeurs mettent à disposition ? (LITESPEED…)
À moins d’une exigence précise, un plugin additionnel peut être redondant. - Sauvegarde automatique : Évidemment essentielle, mais il s’agit là d’une tâche que la plupart des hébergeurs sérieux prennent déjà en charge. Il est important de se demander si l’on a besoin de plugins de sauvegarde autonomes qui vont complexifier la restauration des données.
En somme, une extension ne devrait être ajoutée que si elle apporte une valeur ajoutée véritable et spécifique qui n’est pas déjà fournie par votre hébergeur.
Une structure pensée avec intelligence signifie choisir ses extensions pour leur valeur et leur nécessité — et rien de plus.
Work with « minimalisme »
Après 20 ans passés dans le monde de la tech, j’ai appris à reconnaître et à respecter la puissance de cette philosophie. J’ai vu des projets se heurter à des murs, se perdre dans le labyrinthe de leurs propres fonctionnalités, succomber à leur poids. Par contraste, j’ai également observé des projets atteindre une performance exceptionnelle grâce à leur simplicité, leur clarté et, finalement, leur minimalisme.
Une nouvelle philosophie
« Less is More » est non seulement une façon de penser la conception de projets digitaux, mais également une philosophie de vie. Elle peut libérer notre temps et notre énergie pour nous concentrer sur ce qui compte vraiment – pour faire moins pour soi-même, tout en étant capable de faire beaucoup plus pour les autres.
Excès = piège
Arrêtez de donner vos idées à vos clients pour prouver votre savoir-faire : plus nous dotons nos clients de concepts et d’idées sophistiqués sans fin, plus ils seront tentés de les mettre en œuvre (parfois sans nous), et plus notre travail se complique.
Comme un bon joueur de poker, il est parfois préférable de ne pas montrer toutes ses cartes dès le début. (L’excès en tout est un défaut (Goldman) )
Less is More : Le processus de conception minimaliste
Commencez avec un papier et un crayon. Une page blanche, un « WireFrame » de vos idées et de celles de vos clients. Listez les fonctionnalités essentielles et cachez dans votre manche les idées pour le futur. Mettez en œuvre votre projet étape par étape, en prenant soin d’éviter l’excès d’ambition qui peut parfois nous entraîner dans une spirale sans fin.
L’éco-conception numérique et le minimalisme
Le minimalisme trouve un écho particulier dans le mouvement croissant de l’écoconception numérique. Cette discipline ne se contente pas de valoriser l’élégance de la simplicité dans le design. Elle réalise également les impératifs du développement durable.
En faisant moins, mais mieux, on se dirige vers l’optimisation des ressources et la réduction de l’empreinte carbone. Voici quelques exemples :
- Réduction de la bande passante : Des designs sobres nécessitent moins de données à télécharger, ce qui économise de l’énergie et améliore l’accès aux informations.
- Sobriété fonctionnelle : Se concentrer sur les fonctionnalités indispensables diminue la complexité du code, réduit la charge serveur et l’empreinte environnementale.
- Durabilité du design : Un design intemporel minimaliste requiert moins de mises à jour majeures, contribuant à une moindre consommation de ressources sur la durée de vie d’un projet digital.
- Requêtes MYSQL optimisées : Un développeur consciencieux de la consommation des fonctions et requêtes d’un site permettra au serveur qui l’héberge de moins consommer de ressources et donc d’électricité etc…
Aborder le minimalisme sous l’angle de l’écoconception numérique montre que ce concept dépasse largement l’esthétique et l’usabilité. Il devient une démarche éthique, respectueuse des enjeux environnementaux les plus pressants de notre époque.
Analyse de conception : Apple et Google
Pour illustrer le concept de minimalisme, il suffit de regarder les pages d’accueil de deux des plus grandes entreprises de technologie au monde : Apple et Google.
La page d’accueil d’Apple est un modèle de simplicité : simple, épurée et focalisée, démontrant comment le design minimaliste peut raffiner l’efficacité et rehausser l’expérience utilisateur.
Google va même encore plus loin, si l’on peut dire.
Leur page d’accueil est presque austère dans sa nudité, ne présentant rien de plus que ce qui est nécessaire : un logo, une barre de recherche et quelques liens. Pas d’animations inutiles, pas de pop-ups envahissants, juste l’essentiel.
Ces deux géants ont compris que l’encombrement et le superflu peuvent distraire et frustrer. Ils ont choisi plutôt de mettre l’utilisateur au centre de leur univers de conception, prouvant une fois de plus que « moins, c’est plus ».
En conclusion
Le minimalisme, que ce soit dans l’informatique ou dans la vie, vous permet de rester concentré, de rester vous-même. Il va vous aider à éviter le piège de sans cesse en faire ou en dire plus.
Il vous libère pour agir, pour créer, pour apporter de la valeur là où elle compte vraiment.
Alors, ce principe du « less is more« , appliquez-le !!! (Bordeyl….)
Dans votre code, votre design, vos projets. Et, plus important encore, dans votre vie.
Vous découvrirez une liberté et une efficacité que vous n’aviez jamais soupçonnées.